Combien vaut mon entreprise ?

Les éléments de valeur d'une entreprise

Dans le monde des affaires, tout va très vite ! Dirigeant d’une entreprise prometteuse, vous pouvez être approché à tout moment par un grand groupe qui souhaite vous racheter. Après plusieurs années à la tête de cette structure, vous pourriez aussi vouloir changer de vie et vendre. Dans le cas d’une fusion-acquisition ou d’une cession, il faut anticiper l’estimation et l’actualiser pour avoir une vision à jour de la valeur de votre société et ainsi choisir l’offre la plus intéressante.

Attention ici à bien dissocier les notions de valeur et de prix. L’estimation de la valeur d’un bien, en fonction de sa désirabilité et de ses atouts, sert de base à la négociation sur le prix et pas l’inverse. Prenons comme exemple un amateur d’art à une vente aux enchères. Un Picasso estimé à un million d’euros est présenté à l’assemblée. Les enchères commencent à 500 000 €. Le choix rationnel serait d’enchérir dans une fourchette proche de l’estimation. Rien n’empêche notre amateur d’art de lever sa pancarte et de proposer dix fois le montant s’il s’agit de son œuvre fétiche. Dans les affaires, le principe de subjectivité est le même.

Valoriser son entreprise permet de mieux connaître ses forces et ses faiblesses. C’est un levier qui, au-delà de la seule volonté de vendre, peut aider à la mise en place de stratégies de développement et à la conduite du changement via un diagnostic complet. Quels sont les éléments à prendre en compte ? Ceux qui vont influencer positivement ou négativement la valeur de l’entreprise comme :

  • Le capital financier = les ressources de trésorerie, sa structure financière, le placement des actifs,
  • Le capital humain et l’organisation = la coordination des salariés, leur motivation, leur productivité, le leadership des équipes managériales, les compétences, les savoir-faire, la réputation, la culture,
  • Le marché et les clients = la stabilité de la clientèle (loi de Pareto 80/20), les parts de marché, l’évolution du marché (cadre réglementaire, facteurs externes),
  • Le capital technologique = les brevets, les machines, les systèmes d’information.

Les méthodes patrimoniales

On cherche à calculer l’actif net comptable c’est-à-dire à évaluer le bilan en séparant les éléments de l’actif et du passif (les dettes, les provisions). L’évaluation de tous les éléments est clé étant donné les différences entre valeur comptable et réelle d’un actif. Si cette méthode ne donne pas la valeur exacte de l’entreprise au sens économique, elle reste intéressante pour donner une valeur de liquidation si l’on souhaitait vendre les actifs.

Les méthodes comparatives

On se base sur l’étude du secteur d’activité, des concurrents ayant un profil similaire, des transactions comparables et des principaux indices boursiers pour déterminer la valeur. On peut observer sur une période les multiples de valorisation des entreprises du secteur, en gardant bien en tête les critères de taille, de risque et la temporalité. La difficulté est de sélectionner des critères homogènes pour l’échantillon des entreprises comparables ou « peer group ». Les analystes comparent des ratios identiques sur un secteur donné. La tâche est d’autant plus facile s’il s’agit d’entreprises cotées en bourse. L’avantage de l’approche comparative est d’être ancrée dans le réel et de donner à un instant t un aperçu des prix du marché. L’inconvénient est que cette valeur est volatile puisqu’elle suit les tendances du marché à la hausse (bulles spéculatives) comme à la baisse. En l’absence d’autres firmes à comparer, il est impossible d’appliquer la méthode.

Les méthodes actuarielles

On se tourne vers l’avenir pour calculer les flux de trésorerie futurs que vont générer une entreprise pour estimer sa valeur. Qui dit activité dit risque c’est pourquoi on va appliquer un taux d’actualisation, prenant en compte le risque, à cette trésorerie future. L’idée est d’investir sur un potentiel de développement générateur de richesses à long terme. Les principaux flux considérés sont les cash-flows (pour les sociétés en croissance), les dividendes distribués aux actionnaires (pour les sociétés industrielles matures) et les bénéfices. Plusieurs méthodes existent : Gordon-Shapiro, Bates et DCF ou la méthode dite des « free cash-flows ». C’est cette dernière qui est la plus utilisée de nos jours.

La méthode DCF

La valorisation de l’entreprise se fait en mesurant sa capacité à faire des bénéfices. Il faut déterminer la somme actualisée des flux de trésorerie futurs en laissant de côté les dettes. On va prendre en compte les « cash-flows » du départ et du futur en n’oubliant pas d’intégrer dans la réflexion le coût du capital. La formule de calcul est la suivante :

Valorisation = FCF x* (1 + t) ‾ ª + FCF y * (1 + t) ‾ ⁿ
FCF = Free Cash Flow x = première année y = dernière année n = nombre d’années

Autres méthodes

En complément des méthodes précédentes, les analystes peuvent compter sur des ratios pour évaluer la valeur d’une entreprise. Un des ratios le plus utilisés est le PER ou « Price Earning Ratio ». Il exprime le prix de marché d’un titre d’une entreprise. Si la société est cotée, son PER est égal à sa capitalisation boursière. Sinon, on prend le rapport valorisation / bénéfice net. Pour valoriser une entreprise, on compare son PER avec le PER du secteur d’activité c’est-à-dire le délai de récupération de l’investissement. Un PER bas est le signe d’une entreprise bon marché.

Exemple : le titre d’une action vaut 100 € sur les marchés boursiers et son bénéfice par action est de 10 €. La société en question a un PER de 10 (100 / 10). L’investisseur mettra dix ans à récupérer son apport initial : on dit qu’il capitalise dix fois ses bénéfices. Si le PER est plébiscité pour sa simplicité d’utilisation et son efficacité, ce ratio seul ne peut donner la juste valeur d’une entreprise.

Le PBR ou « Price to Book Ratio » est utilisé dans le cadre des méthodologies comparatives. Il se calcule en faisant le rapport entre la capitalisation et l’ANC (pour actif net comptable de l’entreprise ou par action). Comme nous l’évoquions, l’actif net comptable est la soustraction de l’actif comptable par les dettes. Si vous obtenez un PBR inférieur à 1, la valeur réelle est inférieure à la valeur comptable donc l’entreprise est probablement sous-évaluée et inversement.

Enfin, le PSR pour « Prince to Sales Ratio » détermine combien de fois le chiffre d’affaires d’une entreprise est intégré dans sa valorisation (multiple de vente). Ce ratio suppose que le CA est un indicateur fiable de la valeur d’une société et que deux entreprises sont identiques si elles réalisent le même chiffre dans le même secteur (approche comparative). Le PSR est le rapport entre la capitalisation et le CA.

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