Mon entreprise innove – les démarches à suivre pour rejoindre un incubateur
Les chiffres clés :
- La France compte environ 1 million de start-ups en 2021, c’est-à-dire des jeunes entreprises créées il y a moins de 8 ans. Celles-ci représentent 1,5 million de salariés et réalisent un chiffre d’affaires moyen de 277 000€ annuel. (Source : Le Figaro)
- En 2019, 25% des entreprises échouent dans les deux premières années suivant leur création, et 49% d’entre elles disparaissent après 5 ans. (Source : Insee)
- On estime à 20% le taux d’échec des start-ups qui bénéficient d’un accompagnement en 2020. (source : KPMG)
- On dénombre près de 380 incubateurs en France en 2021, surtout concentrés dans la région Île-de-France et dans les grandes métropoles comme Lyon et Marseille. Leur nombre ne cesse d’augmenter depuis 2009. (source : Maya Squad)
Les incubateurs : une histoire vieille de 30 ans
Pourquoi les incubateurs ont-ils vu le jour ? Vous avez une idée originale, vous avez développé un actif technologique innovant ou déposé un brevet qui vaut de l’or et êtes entrepreneur dans l’âme. Si toutes ces situations sont idéales pour créer son entreprise, elles ne suffisent pas à assurer sa pérennité et son développement économique. Pour réussir, vous aurez aussi et surtout besoin de financements, de fonds pour investir dans des locaux, un outil dernier cri, une équipe qualifiée et passionnée, et d’un réseau de professionnels qui vous apporteront leurs conseils et compétences pour vous soutenir vous, et l’activité.
Les incubateurs ont pour vocation de concentrer tous ces facteurs clés de succès pour faciliter le décollage des start-ups. Ils sont apparus en France dès la fin des années 80, dans les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. L’EM Lyon Business School inaugure en 1984 le « Centre des Entrepreneurs » pour transmettre à un public scientifique des connaissances plus business leur permettant de créer leur entreprise. HEC lui emboîte le pas en 1990 avec le lancement de HEC Challenge+, un programme soutenant la création d’entreprises innovantes, puis l’ESSEC dans les années 2000 avec sa pépinière d’entreprises. Les écoles d’ingénieurs, représentées par Polytechnique ou Centrale Supélec, ont suivi le mouvement.
La recherche : un précurseur de l’incubateur moderne
En France, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche va très vite chercher à répliquer le modèle d’innovation américain, où les partenariats organiques entre universités et entreprises font naître les futurs géants du numérique. En 1999, les lois Allègre proposées par Claude Allègre, Ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche sous Jacques Chirac, vont instituer les incubateurs publics. Ces derniers doivent rapprocher, au niveau régional, les chercheurs et les universitaires avec les entreprises pour favoriser la création de synergies et le dépôt de brevets. Aujourd’hui, la France compte 28 de ces incubateurs publics.
La France, terre d’incubateurs ?
Incubateurs publics, incubateurs locaux, incubateurs d’écoles, incubateurs privés, incubateurs d’entreprises : la France « start-up Nation » n’est pas en reste quand il s’agit de soutenir son maillage d’entreprises innovantes. C’est à Paris qu’est d’ailleurs inauguré le 29 juin 2017 le plus grand incubateur du monde, la Station F, dans la Halle Freyssinet : une ancienne gare du 13ème arrondissement. Son fondateur visionnaire, Xavier Niel, aussi patron de Free, y voit une opportunité de supporter les jeunes pousses et de dénicher avant tout le monde les pépites de demain.
La Station F, c’est 34 000m2 d’espaces qui accueillent près de 1 000 start-ups et propose 30 programmes d’accompagnement. Dès son lancement, les grands groupes français soutiennent l’initiative : Ubisoft, l’Oréal, Thalès. Le concept séduit jusqu’aux États-Unis : Facebook a choisi l’écosystème parisien pour son premier programme d’incubation. Si la capitale concentre de nombreux incubateurs, Station F, School Lab, la Ruche, le Village et Paris&Co, de leur côté, les métropoles développent activement leurs structures et programmes, à l’image de Lyon, pour faire grandir sur tout le territoire les start-ups.
Si vous hésitiez à rejoindre un incubateur, cet article est fait pour vous !
Rejoindre un incubateur : quels sont les avantages ?
Distinguer les incubateurs des accélérateurs
Avant de commencer, nous devons définir 2 notions souvent confondues : celle d’incubateur et d’accélérateur. Les accélérateurs sont la version court-termiste des incubateurs. Ils ont pour vocation d’accompagner les entrepreneurs sur une période de 3 à 6 mois pour les préparer et les former à leur futur métier, chef d’entreprise, leur apprendre à construire un business plan, à séduire des investisseurs. Les incubateurs proposent des programmes sur le long-terme qui accompagnent en amont et tout au long de leur vie les start-ups, notamment pour sourcer des compétences et se construire un réseau.
L’offre de services des incubateurs
Voici une liste non-exhaustive des bénéfices à rejoindre un incubateur :
- L’accès facilité à des locaux et du matériel pour installer vos équipes ;
- Une ambiance de travail qui inspire, motive et créée une cohésion entre les incubés ;
- L’accompagnement continu par des mentors et/ou des experts du métier ;
- Un gain de visibilité et de crédibilité avec les investisseurs, les partenaires, les clients et les fournisseurs ;
- La mise en réseau, facilitée par une proximité physique entre les incubés, votre voisin pourrait être votre futur client ou fournisseur, et avec les anciens ;
- Des conseils à toute les étapes de vie de votre entreprise : conseils juridiques, conseils en stratégie, conseils pour formuler votre business plan, pitcher vos idées.
Pour les entrepreneurs en herbe, les incubateurs sont à la fois un gain de temps, d’argent et un booster pour leur business, pour créer des alliances, identifier des partenariats et chercher des financements. Plus qu’un espace, l’incubateur permet de bien s’entourer, de ne jamais se retrouver seul et surtout de profiter d’une diversité de profils et de problématiques qui vont pousser à l’ouverture, à l’entraide et à l’émergence d’une communauté. C’est un lieu propice aux rencontres, aux challenges et au dépassement de soi.
Notre conseil : si vous vous demandez encore ce que pourrait vous apporter un incubateur et si vous êtes taillé pour l’aventure… pas de panique. Prenez une feuille et un stylo, et imaginez deux scénarios. Premier scénario : vous lancez votre entreprise seul dans votre garage. Second scénario : vous intégrez un incubateur. Listez les avantages et inconvénients de chaque option. Quel est le scénario où tester vos idées apparaît le plus facile ? Dans quel scénario rencontrez-vous le plus de difficultés à convaincre des investisseurs ? Lequel offre le plus d’opportunités de croissance ? De dynamisme ?
Identifier son incubateur et candidater : mode d’emploi
Incubateur : comment définir mes critères de sélection ?
Nous l’évoquions en introduction, environ 400 incubateurs peuplent le territoire français. La question : comment choisir ? La proximité géographique avec votre domicile est évidemment un facteur non négligeable. Si vous avez suivi un cursus dans une grande école de commerce ou d’ingénieurs, le choix affinitaire est pertinent. Les 3 autres critères à retenir sont :
- Le secteur d’intervention de l’incubateur, qui doit être en lien avec la nature de votre projet entrepreneurial. Si de nombreux sont génériques, d’autres incubateurs se sont spécialisés sur un secteur précis. Consultez le site pour voir si l’incubateur en question dispose de partenariats avec de grandes entreprises du domaine qui vous concerne.
- Les moyens et la renommée de l’incubateur. Qui sont les intervenants ? Quelle est la qualité des conseils ? Quels sont les retours des anciens incubés ?
- Les critères d’admission et le prix. Nul besoin de perdre du temps dans des démarches de candidature si le projet ne correspond pas aux critères de l’incubateur. Renseignez-vous sur leurs attentes en termes de maturité du projet, de parcours, de composition de l’équipe. Intégrer un incubateur est un investissement, la mesure du ROI pour votre entreprise est primordiale avant de faire votre choix.
Comment candidater ?
Les incubateurs reçoivent beaucoup de candidatures, pour peu d’élus. Si chaque structure possède ses propres critères d’évaluation, une constante demeure : plus l’idée est innovante et mieux vous savez comment la présenter, plus vous aurez de chance d’être sélectionné. Pour la plupart des incubateurs, la sélection se fait en deux temps : le candidat adresse un dossier présentant son entreprise/idée. Un comité va se réunir pour étudier les forces et les faiblesses du projet. Si le projet est retenu, le candidat passe à la seconde étape : la présentation orale devant un jury de professionnels.
Plus votre proposition de valeur est structurée et clairement formulée, plus le jury sera attentif à votre présentation. Si tous les incubateurs ne demandent pas aux candidats d’avoir déjà constitués un business plan à 5 ans, l’analyse du marché et de la cible restent des prérequis pour être pris au sérieux. Vos interlocuteurs sont peut-être vos futurs partenaires : partagez-leur votre enthousiasme et donnez leur envie de vous accompagner dans la réussite de votre projet en utilisant des mots simples et percutants.
Un incubateur : combien ça coûte ?
Le prix pour rejoindre un incubateur va varier en fonction du modèle tarifaire :
- La tarification à la prestation, avec l’exemple de l’incubateur parisien School Lab qui propose deux programmes d’accompagnement à 2 000€ et 4 000€. D’autres peuvent demander plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’euros pour l’hébergement et les conseils ;
- La prise de participation : les incubateurs peuvent offrir leurs services gratuitement moyennant une prise de participation minoritaire dans l’entreprise de l’incubé, de 5 à 20% en moyenne. Celle-ci est parfois une condition d’intégration sine qua non. Axeleo à Lyon prend entre 5% et 10% de participation par exemple.
Pour choisir l’incubateur adéquat pour votre projet, sélectionnez ceux qui ont une expérience dans votre industrie, et dont les critères de sélection correspondent à votre situation en terme de chiffre d’affaires, de maturité et de développement. Mesurez les coûts et les avantages, participez à des forums d’entrepreneurs et récolez les témoignages d’anciens incubés pour faire un choix éclairé.