Entrepreneur – comment se rémunérer ?

Un vrai casse-tête

Pour l’entrepreneur, décider de sa rémunération peut vite devenir un casse-tête. Faut-il se verser un salaire ? des dividendes ? sur quel montant s’accorder ? Des questionnements intimement liés au statut de l’entrepreneur, à ses attentes, aux cotisations sociales et in fine à la structure juridique qu’il a mis en place. Cette structure doit s’adapter à vos considérations et permettre de maximiser vos gains. Autre cas de figure, l’entrepreneur peut, c’est plus rare, décider de ne pas se rémunérer. Quelles conséquences ?

 

Rester conscient que votre rémunération, peu importe les modalités, doit vous permettre de couvrir vos charges et vivre. Si nombre d’entrepreneurs témoignent combien leurs premières années peuvent être difficiles, la charge mentale d’une création d’entreprise ne doit pas s’accompagner de difficultés financières incompressibles faute de quoi, votre moral pourrait en prendre un coup.

Se rémunérer en se versant...

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Le versement d’un salaire fixe passe par l’établissement d’un contrat de travail. Selon le statut juridique, la fiscalité et les charges sociales dont vous devrez vous acquitter varient. Dans le cadre d’une EURL, il n’y a pas de distinction entre le bénéfice réalisé et la rémunération du dirigeant. On parle ici de « prélèvements de l’exploitant ». Vos cotisations sont calculées sur le résultat net comptable, que vous vous versiez ou non un salaire. Bénéfice et trésorerie sont considérés comme deux entités différentes, la première faisant état du chiffre d’affaires moins les charges, la seconde des entrées moins les sorties d’argent. Les cotisations sociales représentent environ 44% du bénéfice imposable pour l’entreprise individuelle.

 

 

Dans le cadre d’une SARL ou d’une SAS, le statut du dirigeant est différent. Étant donné l’absence de fait de relation de subordination, puisque vous n’avez pas de supérieur hiérarchique, vous êtes lié à la société par un « mandat social » et non pas un contrat de travail. Ce mandat ouvre le droit à une rémunération qui est soit fixée dans les statuts de la société soit par une assemblée générale ordinaire avec vos associés.

 

Pour la SARL, deux options sont possibles : si vous êtes gérant avec une participation minoritaire dans la société, vous pouvez cumuler le mandat social avec un contrat de travail. Pour cela, il faut prouver que les deux fonctions exercées sont bien distinctes. Vous êtes alors assimilé comme un salarié et cotisez au régime général de la Sécurité Sociale. Les cotisations sociales s’élèveront à environ 65% du salaire brut (avec 42% de charges patronales et 22% de charges salariales) ou 80% du salaire net.

 

Si vous êtes gérant avec une participation majoritaire dans la société, vous êtes assimilé au régime des travailleurs indépendants ou TNS (travailleurs non-salariés). Quelle que soit la rémunération, vous devrez vous acquitter à l’URSSAF d’une cotisation minimum.

 

Le montant des cotisations sociales est bien moindre pour le gérant majoritaire : elles s’estiment entre 40 et 45% de la rémunération imposable. Le paiement de ces cotisations suit un calendrier particulier. Les calculs réalisés en année N seront payés en année N+2, une aide pour que les jeunes entreprises puissent se développer en conservant le plus de trésorerie.

 

Pour les SAS, le président est également assimilé à un salarié donc sous le régime de la Sécurité Sociale. S’il n’est pas rémunéré, il n’aura pas à s’acquitter d’une cotisation sociale. Une structure avantageuse si, lors de l’établissement du business plan, vous et vos associés ne prévoyez pas de vous rémunérer les premières années. Comme pour le président minoritaire d’une SARL, les cotisations sociales s’élèvent pour le président d’une SAS ou d’une SASU à environ 60% du brut et 80% du salaire net. Même en l’absence de cotisation, le dispositif PUMA (pour protection universelle maladie) vous aidera à couvrir vos frais de santé.

 

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Reprenons le schéma depuis le début. L’entreprise génère un chiffre d’affaires annuel duquel on va déduire les charges pour obtenir un résultat ou bénéfice fiscal. Ensuite s’applique l’impôt sur les sociétés qui est compris entre 28% et 31% et donne le résultat net. C’est ce solde que les associés vont décider d’allouer soit dans l’entreprise pour gonfler les réserves ou investir, soit dans le versement de dividendes. Les associés ou actionnaires se réunissent pour statuer sur les comptes et la répartition se fait en proportion du capital qui a été investi par chacun ou selon une disposition inscrite dans les statuts.

 

Les dividendes comme les salaires sont soumis à l’impôt et aux cotisations sociales. Dans le cadre d’une SARL et d’une EURL, si le montant des dividendes représente plus de 10% du capital de l’entreprise lors de l’année de versement, on considère que ces dividendes sont des « revenus du travail » et le taux de 45% de cotisations sociales s’appliquera. Dans le cadre d’une SAS, les dividendes sont des « revenus du capital ». La loi de finances de 2018 a instauré le prélèvement forfaiture unique (PFU) aussi appelé « flat tax » pour le versement de dividendes entre des associés dits « personnes physiques ».

 

Le PFU de 30% se décompose en deux sous entités : l’impôt à proprement parler, à 12,8% et les cotisations sociales à 17,2% qui vont faire l’objet d’une retenue à la source. Vous pouvez être dispensé du prélèvement forfaitaire de 12,8% si votre revenu net fiscal est inférieur à un certain seuil (50 000€ seul / 75 000 € pour un couple). L’associé peut choisir d’être assujetti à l’impôt sur le revenu pour ses dividendes. L’IR fonctionne via un barème progressif de 0% pour un revenu annuel inférieur à 9 807 € à 45% pour la tranche supérieure à 153 787 €.

 

Dans le cadre de la distribution de dividendes, on bénéficie également d’un abattement de 40% si la société est Française ou bien domiciliée en France. Les dividendes ne sont donc plus taxés qu’à hauteur de 60%. Si la société dégage un résultat fort et distribue une part importante de dividendes aux associés, il est plus intéressant de choisir le PFU à 30%. Il faut réaliser un calcul minutieux avant de prendre sa décision. Dans le cas où l’associé est une personne morale, les dividendes sont soumis à l’IS.

 

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En qualité de dirigeant, vous pouvez avoir plus de deux cordes à votre arc. Si vous êtes titulaire d’un contrat de travail, vous pouvez vous octroyer des avantages en nature, comme vous le faites pour les équipes, par exemple une voiture de fonction. Si vous mettez en place des dispositifs comme l’épargne salariale, vous en serez aussi bénéficiaire. Vous pouvez créer à l’intérieur de la société un compte courant et en percevoir les intérêts, et ceux même si la société ne réalise pas de bénéfice.

 

In fine, le statut juridique de l’entreprise va forcément impacter le mode de rémunération. Un équilibre est à trouver entre rémunération, protection sociale et fiscalité, le Graal étant de maximiser les gains avec un minimum de fiscalité et une protection optimale.