Mécène, quels avantages pour la fiscalité de mon entreprise ?

Chiffres clés

Mécénat

En 2020, les entreprises françaises ont consacré 4 milliards d’euros au mécénat. (source : baromètre Admical)

Répartition

64 % des entreprises mécènes sont des TPE (5% du budget total du mécénat). À l’inverse, les grandes entreprises représentent 0,3 % des entreprises mécènes mais comptent pour 53 % du budget (en baisse de 4 points). (source : baromètre Admical)

Location

80 % des actions de mécénat d’entreprise ont lieu au niveau local ou régional. (source : baromètre Admical)

Le mécénat

La France, pays d’histoire, de culture… et de mécénat ! Dans ce domaine, ce sont les géants du luxe français qui s’illustrent : Fondation Louis Vuitton pour LVMH, Bourse de Commerce pour le rival Kering, ces bijoux d’architecture sont les témoins d’un phénomène qui prend de l’ampleur : la luxurisation du monde de l’art induite et propulsée par une fiscalité avantageuse pour ces généreux patrons-mécènes. C’est la loi Aillagon du 1eraoût 2003 qui a contribué au développement du mécénat d’entreprise en France.

518 millions d’euros, c’est la réduction d’impôt dont aurait bénéficié le groupe LVMH pour la construction de son musée éponyme au cœur du bois de Boulogne. Des chiffres pharaoniques qui interpellent et interrogent : par quels mécanismes cette déduction d’impôt au service de la « culture » est-elle possible ? Comment mettre en place le mécénat dans votre entreprise ? Quelles sont les conditions pour devenir mécène ? Décryptage ici.

Le mécénat, qu’est-ce que c’est ?

Pour le ministère de la Culture, le mécénat se définit comme « un soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général ». De cette définition émergent 2 grandes idées : la notion de générosité, la donation étant réputée sans contrepartie pour le donateur c’est-à-dire sans gain direct, et la notion d’intérêt général, qui rend service à la communauté ou met à la disposition de celle-ci des biens ayant une valeur culturelle, éducative, scientifique, sociale, sportive ou artistique.

Dès lors, il faut bien dissocier le mécénat, action désintéressée, du sponsoring ou parrainage en français, qui correspond souvent à une action publicitaire dont le sponsor tire un bénéfice direct. Par exemple : les grandes marques de soda comme Coca Cola et Pepsi sponsorisent les rencontres sportives (Coupe du monde de football, UEFA, Superbowl). Le traitement fiscal est différent entre mécénat et sponsoring.

Mécénat : les conditions à remplir

Pour parler de mécénat, il faut donc remplir 2 conditions :

  • L’œuvre doit être d’intérêt général c’est-à-dire, comme nous l’évoquions, comporter une valeur culturelle, scientifique, sportive, éducative (multidisciplinaire), promouvant le patrimoine historique français et encourageant la diffusion des savoirs nationaux ;
  • Le bénéficiaire doit aussi être réputé d’intérêt général. Cela est possible si :
  • Le bénéficiaire exerce une activité non lucrative et non concurrentielle. Cette condition exclut de facto les sociétés commerciales (SA, SARL) qui poursuivent par nature un but lucratif et sont assujetties à des impôts commerciaux comme la TVA (sauf si l’activité est sectorisée) ;
  • La gestion de l’entité du bénéficiaire est dite « désintéressée » et son activité ne profite pas à un cercle restreint de personne. Le terme désintéressé est ici à entendre au sens d’un organisme à but non lucratif, comme une association.

Nature des dons et bénéficiaires

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Pour soutenir les organismes dits « d’intérêt général », les entreprises mécènes ont le choix de donner :

  • En numéraire, une somme d’argent par exemple ;
  • En nature, une œuvre d’art de votre collection personnelle à un musée ;
  • En compétences, par exemple si vous mettez à disposition d’un monument historique de la main d’œuvre qualifiée pour effectuer des travaux de restauration/conservation.
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Les organismes bénéficiaires des dons des mécènes sont :

  • Les fondations et associations qui sont reconnues d’utilité publique et les fondations abritées ou fondations sous égide institutionnalisées par la loi de 1990 ;
  • Les fondations d’entreprise ;
  • Les musées et les monuments historiques privés ;
  • Les organismes non constitués en société qui organisent des spectacles culturels ou des expositions d’art contemporain (sauf si le capital est à 100% public) ;
  • Les fonds de dotation :
  • L’État, les collectivités locales et leurs établissements ;
  • Les centre de recherche et d’enseignement, qu’ils soient publics ou privés.

Les avantages fiscaux…et d’image !

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Toutes les entreprises, qu’elles soient soumises à l’impôt sur le revenu (IR) ou à l’impôt sur les sociétés (IS), peuvent prétendre à réaliser des donations philanthropiques. La seule obligation est de relever du régime réel pour l’imposition des bénéfices. Le mécénat d’entreprise exclut donc tous ceux qui relèvent du régime des micro-entreprises.

Passons en revue les avantages fiscaux liés au mécénat :

  • Si vous faites un don à une œuvre d’intérêt général, 60% du montant du total des versements peut être déduit de vos impôts pour la fraction de la donation inférieure à 2 millions d’euros, puis 40% pour la fraction supérieure. Le plafond de déduction est compris entre 20 000€ et 5 ‰ du chiffre d’affaires annuel : si une entreprise dépasse ce plafond, elle pourra reporter l’excédent pendant 5 ans ;
  • Si votre entreprise aide un organisme à acquérir un trésor national, sous accord du ministère de la culture et si l’œuvre est exposée dans un des « Musées de France », qu’elle n’est pas revendue pendant une période de 10 ans et que son acquéreur, le mécène, autorise le classement de l’œuvre, alors celui-ci pourra bénéficier d’une réduction d’impôt représentant 90% du montant de l’aide, dans la limite de 50% de l’impôt total ;
  • Si votre entreprise acquiert un trésor national, sous accord du ministère de la culture et si l’œuvre n’est pas revendue pendant 10 ans, 40% du montant payé sont déductibles de l’IR/l’IS du mécène, sans plafond.
  • L’art contemporain et la musique : si votre entreprise acquiert une œuvre d’un artiste contemporain toujours vivant, que cette œuvre est soit déposée dans un musée soit mise à la vue des salariés ou des clients de l’entreprise acquéreuse, alors celle-ci peut déduire 100% du prix d’achat de l’œuvre en question de son résultat avant impôt, par tranche de 20% sur une période de 5 ans. Pour les instruments de musique, la fiscalité est identique, seule condition : vous devez prêter l’instrument à des étudiants inscrits aux conservatoires nationaux (3ème cycle) ou à des artistes.

Si le mécénat d’entreprise est un dispositif censé être désintéressé, la jurisprudence a toléré l’existence d’une contrepartie, dans la limite de 25% du montant du don, contrepartie qui peut exister sous différentes formes : l’affichage du logo de l’entreprise donatrice, des entrées et des visites gratuites ou privilégiées, des ateliers thématiques pour les salariés.

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Et les avantages du mécénat ne se limitent pas à la fiscalité : pour les entreprises, c’est souvent un moyen de se construire une réputation, de valoriser leur image solidaire et responsable. Si vous souhaitez renforcer votre ancrage territorial, donner à des musées du département ou de la région est un bon moyen de vous faire connaître par un plus large public, et de travailler votre réseau en rencontrant d’autres notables/ mécènes. Gardez en tête que le mécénat n’est pas réservé aux grands groupes : les TPE et les PME peuvent aussi être actrices de la diffusion de l’art et de la protection de notre patrimoine national.